Lorsque j’ai pris la décision de lancer ma marque de bijoux, Arouez, j’ai évidemment pris la responsabilité d’avoir une double casquette, celle d’être artisan bijoutière, et cheffe d’entreprise.
Mon métier est complexe, extrêmement enrichissant, et donc gratifiant. Je suis ravie de m’être lancée dans l’aventure de l’entreprenariat !
Dans cet article, j’espère réussir à vous livrer, sans vous ennuyer, toutes les facette de mon métier !
Bonne lecture !
Concrètement, comment cela se passe ?
Finalement, la bijouterie n’est que la partie visible de l’iceberg, et mon travail principal, concerne tout le reste.
Car la fabrication (fabrication + polissage) d’un bijou ne concerne que 20% de mon temps.
Et 80% de mon travail c’est :

- Préparation d’une collection (recherche bibliographique, dessin, prototypes, portabilité, etc)
- Photographier mes créations (mise en scène, fond blanc, retouches)
- Rédiger des articles, des supports marketing, des fiches produits (mais aussi peser, mesurer, etc)
- Calculer mes prix
- Gérer mes stocks, contacter mes fournisseurs
- Faire ma comptabilité et mon administratif, remplir mon livre de police
- Communiquer sur les réseaux sociaux
- Travailler sur mon site internet (nouveaux produits et articles, améliorations, référencement, etc)
- Préparer les commandes et les envoyer
- Répondre aux mails clients et fournisseurs
- Rechercher des points de ventes, des salons
- Faire de la veille dans plusieurs domaines (administratif, bijouterie, archéologie, site internet)
J’en oublie certainement, mais je pense que vous avez compris tout le travail qu’il y a derrière mes bijoux.
Mon métier d’artisan bijoutière
Les prémices d’une collection
La recherche bibliographique
Vous le savez peut-être déjà, le fil conducteur entre mes collections est l’archéologie et les époques passées.
Pour vous proposer des collections complètes, différentes, et abouties, il y a un travail de plusieurs semaines, voire mois.
Après avoir choisi le thème de ma collection, je dois donc me plonger dans l’Histoire. J’utilise mes anciens cours en archéologie, je fais une importante recherche bibliographique grâce aux livres, articles, et surtout à internet. Je ne cherche pas seulement des informations sur la bijouterie, je m’intéresse aussi à la société, le rapport à la mort, les innovations et grandes découvertes de l’époque, etc.
Tout cela afin d’enrichir mon travail de création.
Une fois que ce travail est terminé, j’ai en général trouvé une technique intéressante, des motifs récurrents que l’on retrouve sur les bijoux, ou des poteries, etc.
Et je peux donc m’atteler à la construction de ma collection.
Le dessin
Je couche d’abord sur papier, tous les mots qui me viennent à l’esprit quand je pense à ma collection. Donc, les formes, les techniques, les textures, etc, mais aussi les émotions et sensations que je souhaite transmettre.
Ensuite, je commence à dessiner les premières formes. Au départ, peu m’importe de dessiner une bague ou une paire de boucles d’oreilles, il faut simplement que les formes surgissent, se marient entre-elles, et que des idées ressortent.
Cette étape dure plusieurs jours, car il faut laisser le temps effectuer son travail. Et lorsque l’on revient sur les premiers dessins, certains nous tapent dans l’œil, alors que d’autres ne nous plaisent plus.
Je peux donc faire le tri, et repartir sur une séance de dessin et de réflexion plus poussée.

Le prototypage
Lorsque j’ai obtenu quelques bijoux qui vont former la base de ma collection, je commence le prototypage.
Cette étape est primordiale.
Sur ces prototypes, je vais évidemment tester les formes et le rendu, mais aussi la faisabilité et la portabilité des pièces.
Faisabilité, car sur le dessin, tout parait possible, et mais parfois, d’un point de vue technique, c’est plus compliqué. Parfois je dois faire marche arrière, parfois j’essaye de contourner. Bref je dois à chaque fois trouver les meilleures solutions pour avoir le rendu désiré. Mais également trouver le mode de fabrication le plus pratique et le plus rapide.
Portabilité, car en fonction des formes, du poids, du tombé, le bijou peut ne pas être agréable une fois porté. Il faut donc le modifier, adoucir les angles, l’alléger, trouver de quelle manière le pendentif tombera bien, etc.
La fabrication d’un bijou
Bijou fondu versus bijou forgé
La fabrication d’un bijou façonné à la cheville, ou forgé, est longue, mais gage de qualité.
A cela, je m’oppose aux bijoux trouvés dans le commerce. Fabriqués en très grandes série, souvent sur le continent asiatique. Ces bijoux, issus de fonte ou d’impressions 3D, sortent par millier toutes les heures.
La technique utilisée, la faible épaisseur de ces bijoux, le métal souvent utilisé (l’or 9 carats qui ne contient que 37% d’or), les rendent plus fragiles.
Au contraire, je pars de plaques ou de fils de métal en argent 950 ou 925/1000e, voire d’un lingot que je lamine selon mes besoins.
En martelant une plaque, en tordant un fil, on écroui petit à petit le métal, qui se durcit. Un bijou en métal écroui, est plus solide qu’un bijou issu d’une fonte qui sera rempli de micro-bulles.
Les étapes de fabrication

Pour travailler le métal, il faut régulièrement le recuire au chalumeau. Cela permet de le rendre plus malléable, et de le travailler derrière. On l’a vu, une fois travaillé, il s’écrouira à nouveau.
Sur me plaque, je dessine, ou je décalque les gabarits fabriqués lors du prototypage. J’utilise une pointe à tracer en métal qui me permet de légèrement graver mes formes avant de les scier.
Le bocfil est une petite scie de bijoutier sur laquelle on adapte des lames en fonction de l’épaisseur de notre plaque ou fil. Plus la plaque est épaisse, plus la lame sera épaisse et avec des dents écartées (on parle en 10e de mm).
Ensuite, il faut vérifier le parallélisme et la perpendicularité des carrés et rectangles, la taille, la forme, le poids des pièces composant une paire de boucles d’oreilles, etc.
Pour cela, je travaille avec une multitude de limes, que j’utilise selon la surface et ce que je souhaite réaliser. J’utilise par exemple les limes demi-rondes pour l’intérieur des bagues pour garder la cambrure, les limes aiguilles dos d’âne pour limer des petits éléments précis, la lime aiguille ronde pour « nettoyer » l’intérieur d’un trou, etc.

Lorsque mes différents morceaux sont prêts, je peux ajouter le décor. Pour cela je peux souder des chutes, repercer mes plaques, texturer avec des limes, des marteaux, un laminoir ou encore des fraises de différentes sortes, etc.
Le travail de fabrication se termine en général par les soudures. On commence toujours par souder le plus important avec de la soudure forte, c’est-à-dire une soudure qui fond à plus haute température qu’une soudure faible. Avec la soudure forte, je soude, par exemple, les tiges de mes boucles d’oreilles, et avec les soudure moyenne et faible, je soude les anneaux.
Avoir différentes soudures, qui fondent à des degrés différents, permet donc de souder plusieurs pièces au sein du même bijou, sans faire fondre les premières soudures.
Après chaque soudure, il faut passer le bijou au dérocher. J’utilise une solution chaude d’alun de potassium. Moins toxique et moins dangereux que de l’acide sulfurique. Ce dérocher, permet de nettoyer la soudure du collobore, un produit qui permet de faciliter la soudure mais qui se vitrifie sous la flamme, et qui abimerait donc mes outils si je l’enlevais pas.
Le polissage
Une fois le bijou terminé, il faut entièrement l’émeriser afin d’enlever toutes les traces de limes, mais également les tâches de feu (une remontée du cuivre sur la couche supérieure du métal). Pour émeriser, on utilise du papier à poncer de différents grains. On commence par un grain épais, on croise les passages, puis on utilise des papiers de plus en plus fin, en répétant les opérations.
C’est donc une étape très longue, et difficile.
Ensuite seulement, je passe au polissage.
Comme pour l’émerisage, je commence avec une pâte à polir abrasive pour uniformiser ma surface, puis je poli avec une pâte à polir, et enfin j’avive avec une troisième pâte spéciale.
En général, je fais 2 ou 3 passages avec une pâte avant de passer à la suivante, et entre chaque passage, je dois nettoyer mon bijou dans un ultrason avec de l’eau chaude savonneuse pour enlever tous les résidus.
Encore une fois, le polissage est une étape délicate et longue. C’est loin d’être ma préférée.
Mais une fois terminée, on a le bonheur de découvrir le bijou parfaitement fini et magnifique.
Quand je me transforme en photographe
Les photographies d’un bijou sont extrêmement importantes, surtout dans la vente à distance. En plus de devoir être professionnelles pour bien représenter l’entreprise, elles doivent montrer le bijou sous différentes vues, ainsi que porté pour permettre au potentiel client de voir les dimensions et le tombé.

Je travaille avec mon reflex monté sur un trépied de table.
Mes mises en scène sont simples car je ne veux pas de fioritures.
Les bijoux sont donc simplement photographiés sur des pierres bleues pour rappeler l’archéologie.
Pour les photographies sur fond blanc, j’utilise une boite à lumière, ou la lumière du soleil si elle n’est pas directe et suffisamment forte.
Là où ça se complique, c’est pour faire tenir les bagues, ou les boucles d’oreilles, avoir le même point de vue, la même luminosité, etc.
Heureusement la retouche photo existe.
Bien que j’essaye de modifier le moins possible (pour gagner du temps et ne pas tronquer la réalité), elle me permet de recadrer, d’ajuster la luminosité, ou d’effacer un poil qui s’est malencontreusement glisser dans le fond.
Le calvaire de la fiche-produit
L’écriture d’une fiche-produit, ce n’est pas du tout anodin, et c’est un travail qui est long, et pas forcément très intéressant.
D’abord, il faut calculer le prix de chaque bijou, prendre les dimensions, le poids.
Ensuite seulement, il faut rédiger des fiches qui donnent envie tout en donnant les bonnes informations, claires et lisibles.
C’est une étape primordiale pour une vente.
Assez rapidement un potentiel client doit trouver toutes les informations qu’il cherche. Il faut se mettre à sa place, afin d’essayer de répondre à un maximum de questions possibles.
Les photos sont encore plus importantes, car beaucoup ne prennent pas le temps de lire les descriptions.

Être cheffe d’entreprise
Comme on a pu le voir, être artisan bijoutier cela implique déjà un certain nombre de tâches : création des collection, fabrication, travaux post-fabrication (photos, fiches-produits).
Mais voilà, quand on est à son compte, le travail ne s’arrête pas là, loin de là.
Le volet marketing et communication
Évidemment, il y a un gros travail sur les réseaux sociaux.
Moi j’essaye principalement de partager mon quotidien en postant des photos de mon atelier, des bijoux que je suis en train de fabriquer ou que je vends, des planches de dessins sur les futures collections etc.
Mais il y a forcément des textes à rédiger, des photos à prendre, des citations à chercher.
Tout ce travail est normalement quasiment quotidien, et doit être prévu et planifié largement en amont.
Mais il y a aussi tout le travail sur la rédaction d’articles.
Et écrire un article, ça ne se passe pas sur une journée. C’est des jours de rédaction, des jours de relecture, à changer certains mots par-ci par-là, à transformer une tournure de phrase et surtout à réussir à dire exactement ce qu’on veut dire.
Il faut être concis, mais développer suffisamment, il faut être accessible, mais ne pas trop vulgariser pour rester précis et véridique.
Bref, un travail de titan, et j’ai mis plusieurs semaines pour peaufiner celui-ci !
La casquette du webmaster
Lorsqu’on débute dans l’entreprenariat, on n’a pas forcément les moyens d’investir dans un commercial, un photographe, ou encore dans un site internet.
Donc forcément, on se forme, et on devient multitâches, multi-professionnel.
Moi j’ai choisi de me former et de faire mon site internet sur WordPress.
Cela sous-entend une veille quotidienne pour vérifier que tout fonctionne, mais aussi pour chercher à l’améliorer.
C’est un va-et-vient sur les sites de formations, les forums, mais aussi sur les sites de vente en ligne pour rechercher ce qui est fonctionnel, joli, ou à la mode.
La comptabilité et l’administratif
En microentreprise, la comptabilité n’est pas très difficile.
Mais il faut néanmoins tenir son livre de recette et de dépenses à jour. C’est indispensable pour observer la rentabilité de son entreprise.
De mon côté, comme je travaille les métaux précieux, j’ai également l’obligation de tenir un Livre de police.
Je dois y inscrire toutes mes entrées et sorties de métaux précieux, le nom de mes fournisseurs, des clients, des factures, etc.
En cas de contrôle par les douanes, ils doivent pouvoir voir la concordance entre
1° le poids de toutes les entrées
2° le poids des sorties, des chutes et du stock

Il me faut également tenir mon fichier de stock à jour, stock de bijoux et stocks d’apprêts.
Imaginez le travail supplémentaire quand il y a également le stock de dépôt-vente à gérer à côté !
Les fournisseurs/dépôt-ventes
Lorsqu’on possède une entreprise, on est forcément un contact avec des fournisseurs, des dépôts ventes.
Cela signifie qu’il faut constamment comparer les prix des matières premières et du matériel, qu’il faut régulièrement rechercher des dépôt-vente, des marketplaces pour gagner en visibilité.
Avant toute chose, il faut s’assurer d’être dans leur gamme de prix et/ou leur univers pour que leur clientèle cible soit la bonne.
Pour ma part, je me dirige plutôt vers des galeries ou boutiques d’art, voire des musées. Je dois régulièrement rechercher des nouvelles expositions qui pourraient coller à mes collections, et pouvoir éventuellement proposer un partenariat.
Être artisan, c’est être disponible pour les clients
Enfin, être cheffe d’entreprise, c’est aussi être en lien direct avec les clients.
C’est donc répondre aux mails, faire des devis, s’occuper du SAV, préparer les commandes et se déplacer à la poste, etc.

C’est une partie du métier, qui prend encore une fois du temps, mais qui est essentielle.
J’ai à cœur d’être présente pour mes clients car c’est ce qui me démarque des grandes marques.
Et pourtant c’est une partie du métier qui est un peu sous-estimée de la part des clients, qui ne se rendent pas forcément compte du temps qu’on peut passer pour eux, à essayer de les satisfaire.
Et j’espère que toutes les personnes qui prendront contact avec moi seront heureuses d’avoir une personne à qui parler, une personne pour les conseiller, une personne qui sera capable de s’adapter à leur budget, leurs envies, leurs contraintes.
La Newsletter d’Arouez
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La Newsletter ne sera utilisée que pour le lancement d’une nouvelle collection ou d’un article.
Emma d’Arouez


